Le parcours de Gabriel

Dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées, nous avons demandé à Gabriel de nous parler de son parcours semé d’embuches. Pour en savoir plus sur les différentes […]

Dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées, nous avons demandé à Gabriel de nous parler de son parcours semé d’embuches. Pour en savoir plus sur les différentes façons de faire tomber ces obstacles et construire une société plus inclusive, visitez le site de la Semaine à l’année.

 

« Je me présente, Gabriel Asselin, étudiant de la toute première cohorte de 42 Québec. J’ai accepté de partager ma courte biographie, qui s’apparente davantage à un long parcours du combattant qu’à une rivière paisible. Dès ma naissance, j’ai eu des bâtons dans les roues, alors que je suis né à seulement 29 semaines. C’était en soi un miracle en 1992. Cela m’a cependant laissé avec plusieurs séquelles neurologiques qui me suivent encore 29 ans plus tard.

 

Ma déficience la plus perceptible est ma surdité bilatérale, qui fait en sorte que je possède des prothèses auditives depuis que je suis haut comme trois pommes. Cette perte d’audition m’a emmené à débuter mon parcours scolaire dans une école spécialisée située à environ une heure de mon domicile. J’ai effectué ce périple matin et soir à des centaines de reprises, alors qu’il y avait une école à seulement 750 mètres de chez moi. C’est d’ailleurs là que j’ai pu conclure les cinq dernières années de mes études élémentaires.

 

Outre cette surdité, je souffre également d’un TDAH et de spasmes musculaires involontaires, qui m’empêchent de conduire tout véhicule nécessitant l’obtention d’un permis de conduire. Vous vous dites probablement que je pourrais me tourner vers le vélo comme moyen de transport, mais j’ai une scoliose au niveau de la colonne vertébrale, ce qui rend mon équilibre particulièrement précaire. Ma situation était à ce point hors-norme que j’ai dû recourir à des traitements hyperbares durant ma jeunesse, afin de rétablir le grave retard mental que j’accusais. Pour faire simple, les traitements hyperbares consistent à fournir de l’oxygène pur à une personne placée dans un caisson hermétique. La pression y est supérieure à celle du niveau de la mer. Cela permet à l’oxygène d’affluer vers les régions endommagées, favorisant ainsi la guérison ou la diminution des symptômes.

 

Plusieurs médecins étaient pessimistes quant à mon avenir, amenant au moins l’un d’entre eux à affirmer que mon parcours scolaire serait parsemé d’embuches. L’aide reçue par les instances scolaires a grandement favorisé ma cause durant mon adolescence. Malgré mes difficultés d’apprentissage, j’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires à l’âge de 17 ans, comme les autres élèves de ma cohorte. Je ne suis pas quelqu’un qui baisse les bras au premier obstacle, mais je me suis résigné à le faire après 5 années d’études collégiales. J’ai passé 4 années au sein du programme d’études que je tentais de compléter. Après 3 ans, je n’avais effectué que la moitié de la formation. Il faut dire que je n’étais pas le plus discipliné alors que mes déboires gagnaient du terrain. Cette partie de ma vie a été reléguée aux oubliettes depuis fort longtemps.

 

Depuis l’été 2014, je suis approximativement confiné à domicile en attente de trouver la perle rare. Je l’ai fort probablement dénichée en venant m’installer à Québec afin d’être parmi les étudiants de 42 Québec. Nous en sommes à la cinquième semaine du cursus et je m’attendais qu’il soit ardu de tisser des liens avec les autres. À cause de la pandémie, la densité de gens sur le campus est fréquemment faible, plusieurs choisissant de travailler de la maison tandis que c’est possible. Je suis tout de même agréablement surpris de la camaraderie qui s’est rapidement instaurée au sein du groupe.

 

Mes problèmes neurologiques mentionnés plus haut ont également rendu très difficile l’obtention d’un emploi. Mon endurance physique dans le bas du corps est un autre facteur aggravant. À cet effet, j’ai subi une intervention chirurgicale aux deux fémurs en juin 2007, qui m’a demandé environ 9 mois de convalescence. Cela devait considérablement améliorer la situation, qui a cependant été en demi-teinte. Sans entrer dans les détails personnels et financiers, il y avait plus d’avantages que d’inconvénients à rester à la maison au lieu de travailler au salaire minimum au péril de ma santé. Au cours des dernières années, j’ai seulement effectué quelques bénévolats dans le domaine sportif, soit pour Tennis Canada et le hockey mineur, au maigre rythme d’une quinzaine de jours par année.

 

Les jeux vidéos et le montage audiovisuel sont depuis longtemps mes domaines de prédilection. C’est d’ailleurs avec l’objectif de travailler un jour dans l’un de ces domaines que j’ai sauté à pieds joints dans l’aventure 42 Québec, tout en tentant de ne pas laisser les déboires du passé dicter mon avenir. »